fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Catégorie : Tranches de vie Page 1 of 2

Une pipe sinon rien…

Les volutes s’élèvent dans la pièce, brins de fumée évaporés.

La bruyère au bec, je suis assis dans le fauteuil. Salon tamisé, musique baroque et le chat sur les genoux. La pipe c’est un moment de calme, ça n’a rien à voir avec cette clope qu’on arrache au temps entre deux rendez-vous, petit moment volé, sas de décompression d’un vie à mille à l’heure. La bouffarde se mérite, on doit y consacrer du temps, s’arrêter vingt minutes, préparer le brûle gueule, le bourrer, l’allumer, en tirer quelques bouffées.

Profiter de la première, comme d’une première gorgée, tout est là et ne subsiste pas. La première c’est un moment spécial, le palais encore vierge, les odeurs décuplées. On se laisse apaiser, l’odeur est douce amère, coussin de fumée qui envelope la langue. Pas question d’avaler, la pipe ça se recrache, se crapote doucement. Nul odeur âcre du papier, tout n’est que feuille de tabac à l’humidité contrôlée.

Je m’y suis mis le temps d’un confinement. Alors je venais de perdre ma grand mère maternelle (la seconde ne tarderait pas à la rejoindre mais je ne le savais pas encore) et dans la vieille maison qu’il nous fallait vider, je retrouvais ses pipes. Cela faisait 11 ans qu’il nous avait quitté et rien n’avait bougé. La nostalgie me cueillit, vieille amie qui veille sur mon épaule.

Sitôt rentré, j’achetais de l’Amsterdamer et allumais ma première écume, celle qui trônait au coin de l’âtre dans ce bureau où l’aïeul s’attablait sur un courrier et où je veillais le feu. Trop fort, trop amer, la tête qui tourne, l’odeur trop lourde, je ne pus la finir, ni tirer quatre bouffées mais l’odeur résista, rappelant avec elle ces moments du passé oubliés, enfouis dans les méandres de l’enfance.

Des retours en voitures où papy fumait sa pipe et mamie s’alarmait de l’odeur trop présente, des après midi d’hiver où seuls tous les deux dans la pièce du fond, il allumait sa pipe face à la cheminée en me parlant de son enfance.

Souvenirs si lointains du fond des années 90, il n’avait plus touché la pipe depuis son infarctus, alors j’étais en 3ème. La mémoire est prodigieuse qu’elle ramène au présent un passé si ancien qu’il se perd dans le temps.

Depuis j’y ai pris goût, une fois de temps en temps, un blond de Virginie aux doux pétales de rose, une odeur plus subtile, moins têtue, plus sucrée sur un coin de journée quelques fois dans l’année. Une pipe taille enfant aux rayures de matelot, mais une bruyère Chacom acquise un jour d’été dans mes terres natales.

Les volutes s’envolent, la fumée effacée mais l’odeur subsiste d’un foyer oublié…

Hésitation

Dix fois, vingt fois, sans foi, remettre le travail à l’ouvrage.

S’y pencher, hésiter, ne trop savoir pourquoi, ne trop savoir comment, hésiter, douter, poser.
Reprendre, d’un coup de tête, d’un coin de table, reprendre, reposer, repenser et douter, hésiter, reposer.

Ne plus trop savoir, douter, toujours douter, accouchement douloureux…

Quand le doute fige l’âme, arrête le geste et attend que le temps ne force le passage.

 

Le petit enfant

Caché sous les couvertures, oublié, il n’attend que le moment propice pour se rappeler à nous ce petit d’homme, cette humanité fragile qui réside et se love.

La fatigue, le stress, les souvenirs qui saisissent l’âme, nulle psychanalyse pour en comprendre sa sortie cette semaine d’octobre lors d’un voyage à Londres.

Mardi soir, fin de journée en bordure de Tamise où le travail m’a porté, je file à mon hôtel tout guilleret d’une soirée bien méritée à Camden… la fatigue, la gêne, je ne sais trop expliquer ce qui se passe mais résultat je finis à l’hôtel.

Dictature du X (1/2)

Point de cela entre nous, rentrez donc chibres et vis poilus car le moment n’est pas au déballage des sens mais à celui des émotions. Car seize années durant, j’ai parcouru les monts, les vallées escarpées d’un monde d’oiseaux bleutés.

Il n’était guère joli mais il s’était fait seul, sans aide de nulle part il était comme on est : un corpus mouvant aux reflets inconstants aux frontières floutées.

Il était au début un monde où découvrir où trouver des amis (des monuments depuis, n’est-ce pas l’ami @matoo), où chacun s’exprimait, écrivait ses idées, ses souffrances et ses tags.

Et chaque vendredi était l’heure du rituel faisant fleurir les #FollowFriday comme une trainée de poudre. Curation des amis, des blogueurs, de ces autres que les amis aimaient, découvertes d’autres mondes, d’autres verbes, d’autres êtres.

Puis vint l’envie de se voir, autour d’une après-midi Ladurée avec les quelques-uns parisiens dont je me sentais proche. Ou de se retrouver le temps d’une soirée, d’un des mythiques TwitApéros de l’ami @newem dont les JeudisBeuverie ne sont qu’un pâle reflet et qui inexorablement se finissaient au McDo de l’Hotel de Ville !

Alors j’abandonnais ces rivages, gardant bien contre moi ces amitiés offertes, oubliant quelques années ces berges si accueillantes qui m’offrirent de vivre mes plus belles années de pédéparisianité !

Quelques années passèrent et de ce monde bleuté aux quelques ramages bien lestes devint d’un arbre gigantesque où la diversité n’avait d’égale que le clivage, où politique, journalisme et sexe fleurissaient plus désormais que la trainée d’amour (parfois vachard) que j’avais découvert à ses jeunes années ! Seule constante subsistante : l’amour du drama, de cet art de la posture exagérée où les gris cèdent le pas soit au noir soit au blanc !

Alors revinrent à moi ces moments d’allégresse à découvrir les gens, à se laisser aller à l’amitié facile, à ces folles découvertes d’à l’autre bout de France, à se laisser griser par quelques mots échangés et franchir le pas du rail !

Et c’est là que l’oiseau tomba de son nid…

… la suite demain !

Retour dans les pénates

Les vacances sont déjà finies, il faut rentrer chez soi, abandonner les heures à flâner dans la ville sans objet, sans contrainte, dans ce morceau d’espace où le ciel est de joie et le soleil de plomb.

Ô nul drame à cela, j’en suis presque ravi, tout autant qu’attristé. Les repos ne sont que cela, un moment hors du quotidien pour découvrir et s’ouvrir, se laisser emporter charmer et chahuter loin de cette zone de confort où la paresse nous garde.

Alors rentrer est un moment de joie où on fait son cartable et emporte avec soi souvenirs et joies, résolutions nouvelles et moments de lucidité. Tu sais, ces instants où soudain la vie prend son recul, où le monde se déploie sous un nouveau soleil qui nous était caché comme si une part de nous nous était révélée tout à coup cachée dessous le voile.

Alors repartir est bienheureux, comme récipiendaire de nouvelles vérités, d’une sagesse toute récente qu’il nous faut amadouer, intégrer au décor de nos banalités.

Retrouver les pénates… J’aime ce mot autant que son objet. Ce cocon où les heurts du monde s’effacent et laissent place à la douce moiteur d’un antre de réconfort, au chat près de la cheminée, aux livres, bouts d’intemporalité.

Les vacances sont finies mais commence avec elles un nouveau lendemain aux espoirs inavoués…

Remonter le fleuve… épisode 1

Je ne saurais dater ses origines. Sans doute pas loin du départ de Papy, peut-être avant alors qu’il déclinait déjà… Mais l’inconscient a ses recoins caché que les sens seuls perçoivent et découvrent par petite touche.

Le plaisir de faire voyager, de présenter, de retourner aux origines, là où tout a commencé pour moi. Lors c’était en 2017 et j’accompagnais des amies américaines dans les champs de mon enfance.

Voilà l’indice semé sur mon chemin, petite pierre blanche qui me ramène toujours ici, dans ce pays de combes et de coteaux, de blés et de raisins…

Pour ma conscience, tout débuta cependant à la mi-Août. Une amie très chère, une voiture, la liberté et l’envie de profiter pour une semaine de la clémence des cieux, d’une accalmie de beau dans cet été pourri.

Alors la vie m’avait estropié en six mois de mes grand-mères. Dijon avait alors ce goût amer que mes pensées fuyait et n’approchaient qu’en rêves. La souffrance et le doute au cœur des souvenirs d’enfance.

Habitués aux longues balades au cœur du pays, il nous vint alors à l’idée de conjurer le sort et d’y aller passer une semaine et recouvrir le doux-amer par un peu de joie simple, de rires, d’amitié et de bons vins.

Ainsi débuta notre périple, un vendredi midi en gare de Noisy-le-Grand. La musique comme compagne de chemin, un ciel clément plein de promesse, nous entamions la route direction Vezelay !

Petite pensée pour Zofia, Alicia et Anne

Une vie de Chat

S’allonger pour la journée, sous la douce moiteur des couvertures. Se laisser porter par le calme ambiant et oublier l’espace de quelques heures le fracas de la vie, les questions, les envies…

L’avoir tout contre soi, cette boule de poil, déployée contre son flanc. Vrombissement de contentement, les yeux clos, le sourire au coin des babines. Il s’étend, se détend, se love contre la chaleur de son maître, se laisse plonger dans le néant, dans l’oubli du temps qui s’effile et ne laisse de son passage que ridules et inquiétudes.

Se laisser épouser pour la journée la couette et le matelas, yeux clos, un livre audio au oreilles, se laisser conter une vie d’imaginaire, un moment d’oubli qui s’étire et s’allonge à l’infini. Oublier tout, saoul de cette douce chaleur, relâcher tous ses muscles, relâcher tout son corps et sentir contre soi la petite boule de poils qui ronronne et s’oublie elle aussi à la beauté d’un instant, dans le moment qui se distend.

Reprendre enfin conscience, délaisser ces mesures d’instant et de moment, se revoir sans jugement. Se laisser le temps d’un songe, le droit de s’oublier et reprendre le présent, éternel jour du condamné…

Sancerre sur la Colline

Petit coin de verdure auprès de bons amis. Quelques pensées posées là, le long d’un si court week-end de l’ascension…

Colline à flan de côteau, les vignes en contrebas.
Le chateau surplombe les lieux et Sancerre à ses pieds.

Ruelles serpentines qui enserrent les hauteurs,
Sensations médiévales, vieilles pierres et église.

La Loire, vieille indolente se déploie au creux des vaux, elle est Reine ici bas.

Comme une autre Côté d’Or, sa terre ocre, ses fossiles et ses vignes qui s’enfilent colline après colline.

Le coin est valloné, les vins rouges charpentés et les blancs parfumés. Les verres défilent, les rires se déploient autant que les arômes, ne subsiste dans l’air que le goût doux amer d’un souvenir d’enfance, un morceau d’insouciance.

On oublie le temps qui file et se laisse reposer au creux des amitiés, dans la douce moiteur d’un crachin épisodique, dans cette tendre chaleur d’un soleil qui perce par les trouées.

Ce fut un beau moment… un de ceux qu’on aimerait arrêter pour le faire continuer !

Demies lunes au soleil

Il fait beau, il fait chaud, petit tour de vélo dans un Paris éteint.

Se promener au gré du vent, passer Bastille, l’Arsenal, chemin faisant couper la Seine et voir paraitre au coin de l’oeil ces demie-lunes pleines de souvenirs, d’une époque presqu’oubliée d’un temps plus étudiant…

Alors bifurquer et prendre le long des berges, déposer son cheval de métal sur la rade de pierre et poser pour une heure ses pensées sur les flots. Un couple sur la terrasse, un morceau piazzolesque qui résonne sur fond d’écume, des danseurs de tango corps et âmes le long du fleuve…

Se plaire à les regarder, à apprivoiser cette danse, cette transe et ce rythme chaloupé qui appelle les pas, les hanches, tout son être. Alors voir s’attrouper peu à peu les quidams en passage sur les berges rappelant pour quelques instants les années oubliées.

Paris est une fête, de ces moments volés gravés sur l’escalier d’une berge isolée. Paris est fait d’instants à cueillir au plus vite, de ces baisers furtifs, privilèges intimistes à la douceur de pêche…

Ménil-Chantant…

L’église est là, impassible et massive. Elle attend sereinement l’arrivée des badauds qui se massent sur ses marches au soleil printanier. C’est de ces monuments qui marquent un quartier. De ces places d’autrefois où s’attroupent les locaux.

On s’assoie dans son ombre. On y parle, s’y retrouve, y échange un repas, un café, une cannette. On s’y pose en lumière, un gros livre à la main et laisse peu à peu dériver ses pensées dans l’air frais et l’oeil chaud d’un soleil bienveillant.

Alors commence la magie de ce quartier vivant qui cultive son histoire. Alors s’élèvent des chants qui sortent de sa torpeur le passant assis là, arrêté dans le temps d’une après-midi calme sur le chaud réconfort d’une pierre séculaire.

Les voix s’ajoutent au choeur, l’accordéon en fond et résonnent les airs d’un Paris d’autrefois. Le temps de quelques balades oubliées ressurgit du passé un quartier populaire, communard et fier.

S’enchainent les tubes de la belle époque, quelques chansons oubliées, certaines que l’oreille remet à peine. C’est alors qu’on reconnait le Temps des Cerises et se prend à fredonner cet air lent et triste avant que ne résonne sur les murs de l’église l’Internationale aux paroles plus martiales empruntes d’humanisme. La politique divise mais le chant nous rapproche par son universalisme…

Ce quartier, c’est le mien, c’est là où j’ai posé mes valises et me laisse emporter chaque jour dans les valses du temps.

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