fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Catégorie : Pensées Page 1 of 2

Gravures

Elles m’ont toujours fasciné, ce côté ciselé, cette précision infinie, ce train qui ne bave pas et sépare l’espace comme un scalpel coupe les chairs. Les gravures (ou eaux fortes) sont un monde binaire et tellement poignant.

Dürer comme Grand Maitre, ces artistes artisans subliment la plaque de cuivre, impriment le papier d’un oeil méticuleux d’une quête d’infini.

C’est en bordure de Saône accompagné d’amis dans cette belle ville lyonnaise où vivre prend tout son sens que mes yeux sont happés par ces figures escheriennes aux dimensions contraires où la physique s’efface là où commence le rêve.

Vassilev Vesselin, voici donc cet artiste qui m’émeut dans cette belle capitale et qui le temps d’un échange offrira à ma vue quelques oeuvres infinies.

La folie

Elle se niche sur notre épaule, cette relation au réel qui s’effrite, qui s’échappe nous glisse entre les doigts et s’evade par la lucarne béante de notre inconscience.

Il fallait la piéger, rester les pieds sur terre, ne pas trop s’éloigner du rivage, dans ces eaux noires et sombres aux reliefs mouvementés.

Comme une limite profonde, une capacite limitee a apprehender la complexite sans se perdre de vue.

Ecouter sans se sentir agresser, s’éloigner de la plage, aller vers la bouée en espérant voir le phare au loin qui luit et nous rappelle à nous, à cet enfant qui dort paisiblement.

Tanguer, chahuter dans les flots sans lueur, boire la tasse et paniquer, ne pas pouvoir s’échapper de cette sourde danse folle.

Ne pas se reveiller et hurler, gemir, crier a la folie de peur, de crainte de ne plus deceler le vrai du faux, le semblable du reve.

Alors s’accrocher au bastingage, repousser toujours plus les limites de la methode, respirer et s’epuiser dans la houle qui nous emporte. Attaquer les ennemis, ces horlas qui nous assaillent, exploitent nos faiblesses, nos maux, nos mots et s’enfoncent dans l’innocence.

Toxique

Joyeux erre dans un jardin jauni, il s’avance sans crainte, et se laisse capter par la fleur que voilà. Sa couleur est d’or pourpre, ses effluves suaves, elle exhale la richesse, une beauté toute parfaite.

Mais les épines sont noires, cachées sous le feuillage qui le piquent, l’accrochent et lui tire des cris, les larmes vermillon perlent sur le poignet, la rose était trop belle.

Le promeneur repart, attristé, apeuré d’une nature violente qu’il n’avait soupçonné.

La vipère dans le fruit, n’y va pas mon ami, car toxique je suis.

Au loin

Se lever, s’éloigner, s’effacer une journée,
Retrouver, juste assez de ce calme serein.
Bord d’une île, terre aride, sans lagon, ruche, essaim
Bord de vie bien fragile, par un fil avalé.

Alors vivre, se forcer, s’empêcher de penser,
S’engouffrer sans envie dans la foule des métros
Se laisser emporter sur les rails, hors de moi, hors du lot,
Espérer un instant retrouver cet allant échappé.

Laisser aller, laisser couler

Se réveiller fatigué, s’éveiller englué, se lever et tomber…

La vie est terne, la vie est grise, la vie s’enfuit loin de soi loin des autres,
Quelques pas rien de plus, quelques sons las et tout s’efface et tout s’enfuit loin de soi loin des autres.

S’éveiller hors de soi, ne plus être, ne pas être, sac de toile diaphane, fatiguée, épuisée et partir s’éloigner, s’effacer et puis fuir…

En temps et en heure

La tasse est fumante, d’un liquide brun clair, le temps dehors est gris et seul attablé je repasse les années. Petit thé réconfort sur coin de canal, la journée n’est pas belle, elle n’est pas pour autant triste augure du temps qui passe.

Apprivoiser le temps, ce titan qui chaque seconde ronge, écrase et ne laisse que la poussière !

Mes Textes

Ils naissent d’un feulement léger, d’un simple courant d’air, d’une idée puis d’une autre, ils s’enchainent, se déchainent et m’emportent au loin dans leur danse insensée, dans une chaconne débridée où chacun appelle un autre et forment une suite qui jamais ne se tait.

Encore faut-il prendre garde à ne pas les brusquer, à les laisser filer sans les perdre ni les rompre, ne pas trop les serrer, juste l’espace, juste le temps, ce soupir, ce battement, ces petits bouts de rien qui régulent la chaîne et libèrent les phrases.

Mes textes sont indomptables, à chacun leur esprit, à chaque lettre son âme et mes doigts se déplacent pour en saisir la suite sans jamais n’y cerner ni début ni dessein. Alors, automate inspiré, je pose ces messages comme réceptacle des sens, dans l’oubli de l’essence.

Le ciel est bleu dehors, juste quelques moutons, un rai ocre dans le lointain alors que le train engouffre lieue après lieue, insatiable mangeur de rail qui zèbre la campagne d’un fuselage argent. Où est la poésie ? Elle est sur le faît des arbres que lèche une lueur du soir et en embrase la cime.

Meditation 2 – Je suis l’inamovible

Cela commence de bon matin. On allume la bougie, s’assoit seul face à ce gouffre de lumière, se détend

Je suis l’inamovible, l’immortel, l’infini, celui qui plonge à l’horizon, celui qui grimpe à perdre haleine.

Je suis ce mont inexpugnable, ce Yama d’humanité et mes pensées s’y plongent et retombent sur ses flancs.

Je suis enfin, je suis ! Un instant de présent, un moment, dix minutes, le temps de reprendre le souffle de mes pensées, de mes idées, de qui je suis.

Je suis l’inamovible, l’imputrescible, celui qui est, celui qui fut, celui qui dure. Etrangeté de l’âme de se retrouver happé par cette image si inhumaine…

Méditation matinale

Reprendre l’habitude de ces moments de pause, de calme, d’apaisement

Je suis la colline, le mont venteux autour duquel s’accrochent les vents, les pensées.

Picotement des doigts posés sur les genoux, la flamme emplit ma vue, le feu apaise mon âme. Chancelant, je danse au vent. Mes pensées sont posées, calmées, apaisées.

Mais je ne peux construire, créer, devenir dans cet environnement où je ne sais où aller, que faire, les murs sont en papier, le calme qu’une apparence, fragile moment de paix sur un mont chahuté. L’équilibre est précaire, effort de chaque instant, pause agile dans l’air d’un temps qui s’étend, se déforme et menace chaque instant d’emporter avec lui la sculpture immobile.

Cairn humain, mobile de Calder, je ploie, souffre, me déforme, m’adapte et me déploie. Le changement doit être, la vie doit s’imposer et porter avec elle un souffle, une espérance.

Avançons, doucement, à pas feutrés, avançons et dans le vent, dessinons avec nos corps des volutes de fumée, des instants d’éternité.

Cotonneux oublié

Sous ses doigts ressentir sa peau, fermer les yeux et relâcher la vie qui s’accroche aux paupières. Se laisser flotter le long des rives et n’avoir de son corps que le bout de ses doigts, dix nuages qui m’effleurent et qui dansent.

N’être plus qu’une vapeur, qui s’étire, se relâche et laisse une douce torpeur prendre contrôle de ses frontières…

Souvenir d’un instant de volupté dans des plages de coton...

Page 1 of 2

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén