fchazal, quondam incipio auctor ab MMVII

Catégorie : Démons

Vieilles ennemies

Le Doute et l’Anxiété, vieilles ennemies liées qui s’accrochent et m’écorchent, retirant à ma vie petites joies, grandes folies, ne laissant qu’une friche, terre rase et boueuse.

Waterloo trop présent d’un retour qu’on attend, ne trop savoir comment, ne trop savoir pourquoi, à quoi bon, vieille antienne anonnée qui resume en un souffle celui qui manque encore au démarrage des temps.

Alors on avance, zombie, au son du métronome, on claudique, maladroit, se tient au bastingage et rugit dans le froid : lâchez-moi, laissez-moi, ennemies d’autrefois !

Trifouiller

Oh le beau mot, à peine usé, morceau d’antan ressuscité !

La nuit fut agitée, les songes mal-aisés, le chaton indécis sous une pluie noctambule.

Le réveil n’est pas mieux, les pensées se sont tues mais ce n’est qu’une trêve…

Le réveil est brutal, le ciel est gris d’acier. Dans le miroir des rues, j’avance d’un pas plombé. Nulle envie, nul désir, nul amour, nulle vie.

Assis sur canapé, le crâne est entr’ouvert ; on s’en va trifouiller ce qui gratte, ce qui ronge, tous ces causes, ce mal-être, cette envie d’arrêter.

À quoi bon se lever, si c’est pour s’effondrer. Le ciel est gris d’acier, la chape va retomber…

Sans Amis

Les temps ont passé, ont pris avec eux de ces meilleurs amis que l’espace a conquis et la vie eloignés.

Oh je ne suis guère bon dans ces amitiés de quelques fois qu’on ne voit qu’au détour d’un voyage pour dire coucou, pour dire j’existe. Je ne suis pas brillant pour ces moments volés au passage d’un sentier mais qu’il faut programmer et ne pas oublier, ne pas remiser à plus tard.

Mon métier m’a tout pris mais ce n’est guère sa faute, c.’est plutôt mon esprit qui ne sait trop jongler entre ceux-là qu’il aimait et ceux qu’il aime toujours mais ne sait comment faire pour leur dire ces pensées, ces messages fugitifs qui s’échappent au vent.

Oh mes amis si vous saviez toutes ces fois où je pense à vous, où la fugacité du moment me glisse entre les doigts et où votre présence me manque, m’ecrase de cette absence là où je vous sens si près de moi aussitôt disparus.

Les temps avaient passés, les amis sont partis. Finis les impromptus d’une fin de journée. Finis les soirs de rien, de joies simples et de silences complices.

La pandémie nous a tous éloignés, elle et l’âge et les responsabilités…

Que me reste-t-il de mon Paris que j’aimais ? Quelques amis éparpillés, quelques plans culs pour affoler les soirées et mes angoisses, et mes noirceurs que vos sourires ont désertés…

Semaine passée c’était la pride, moment de transe et de joies simples que cette année a ravivé mais vous n’étiez pas là vous que j’aime tant et qui partîtes.

Quarante ans et déjà tant de peines, mes aïeux qui me manquent, trop d’amis disparus et d’autres éloignés et moi qui n’ai plus rien, et qui dans mon cocon ronronne tout doucement en attendant l’oubli.

Ce chat c’est ma bouée, je ne peux le laisser alors que le rivage appelle au loin les pas. Quitter Paris, ô quel doux rêve que cela… quel danger surtout, le dernier avant la chute.

Depuis quatre mille ans, il tombait dans l’abîme,
Il n’avait pas encore pu saisir une cime — Victor HUGO

post scriptum : toute noirceur sera exagérée… un peu d’ombre sur les paupières, une larme et puis l’oubli 🙂

Equilibrium

La dissociation est totale, l’ennemi et l’ami tous deux réunis.

On allume la lumière et se voit dans le miroir, informe bibendum aux rondeurs exécrées. Mens Sana in Corpore Sano qu’ils disaient dans l’ancien temps… Où cela a-t-il déconné ?

D’aussi loin qu’il m’en souvienne (Barbara 🫶), il fut autre, véhicule mal-aimé à un cerveau trop plein. Ce compagnon de route qu’on accepte malgré soi, boulet du quotidien sans beauté, sans laideur. Non, de ceux qui ne dérangent pas, qu’on oublie dans un coin sans trop s’en soucier.

Mon corps était l’ennemi. Que dis-je il l’est encore et alors que les années l’amènent à ses limites, il devient un danger. L’heure n’est plus à l’oubli, l’innocence a coulé, il va falloir plonger.

Déjà aux booms je ne dansais pas, incapable de maîtriser mes gestes, d’appréhender le monde avec la subtilité dont mon esprit était capable. Seuls mes doigts, agiles et boudinés était alors aptes à agripper ce monde et en jouer la partition. Il me fallu choisir, piano ou ordinateur, ce fut aux silicium qu’abondèrent les fées.

Sur-investir le cérébral, voilà le drame, voilà l’erreur mais comment penser autrement dans une famille où seules les études comptent ? Comment appréhender sa vie sous un jour plus … équilibré ?

Quarante années se sont effilochées dans le vent et le corps a flanché et le corps va crever à ne rien y changer… La dissociation est profonde, elle date de trop longtemps, il faudra bien de l’amour pour les réconcilier.

À peindre l’un comme ami et l’autre ennemi, on n’existe jamais vraiment… tension abyssale entre deux rives incapables de s’aimer soi-même.

Alors il va nous falloir reprendre le chemin… avec force et courage !
INCIPIO ITER, fortitudo constantiaque

La Bascule

Un lecteur averti en vaut deux… c’est sombre !

On ne se réveille pas un jour en se disant qu’hier était un jour meilleur. C’est bien plus pernicieux que cela et les jours défilent, les années s’enfilent sans conscience de l’inéluctable…

La vie est belle du haut de ses vingt ans, les excès, les abus, les nuits blanches, tout cela passe, s’efface sans trace. Les mauvaises habitudes sont déjà bien ancrées, aux excès des anciens on préfère les alcool légers, les liqueurs bien sucrées et petit à petit c’est ainsi que le corps flanche.

On se retrouve un jour à voir la taille enfler, les kilos s’ajouter. Les résultats sanguins moins bons, les crises de foie plus grave, plus régulières. Dans une bonne mesure apparaissent les calculs et leurs crises atroces qu’on en vient à craindre le moment où sortir de son chez soi.

Rien de bien folichon dira-t-on à cela, la médecine a vu bien pire et grandir c’est souffrir dans une certaine mesure. Le corps s’étiole et on ne découvre pas grand chose à cela.

Alors la trentaine s’égraine, et à force de relativisme on l’aborde sans peine. Les relations se font plus denses, on évoque l’avenir chacun bien conscient que l’âge est venu de construire. Déjà les réseaux ne bruissent plus pour nos jolis minois, ils sont fatigués ces minois, pas encore ridés mais bien fatigués des excès qu’on a fait sans s’en douter à vouloir profiter sans raison, sans savoir.

La bouée est installée, elle enveloppe les tripes, la rate, le foie. L’estomac a calé voici quelques années. Au stress de la ville d’ajoute celui des responsabilités du travail. Ô le choix était mien et tout cela me convient en quelque sorte, répond à mes démons, à mes désirs d’utilité. Mais cela me détruit et les espoirs dérisoires de changer se heurtent sur les rochers d’un quotidien, des habitudes bien ancrées qui en appellent au sucre comme d’aucun à la drogue.

On approche de la quarantaine sans guère de certitude, on y va à tâtons, parfois même à reculons… Les soucis s’accumulent, le foie est presque mort, l’alcool n’y est pour rien quarante ans d’hérésie et d’une société qui ne désire pas notre bien-être si.

Les réseaux se sont tu, les amitiés sont lointaines, le monde reste joli comme une fin de film en bordure de lagune. Clap !

Le film n’est pas fini mais les années sont rudes qui s’ouvrent devant soi...

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